Témoignage de Mme S., patiente de l’hôpital de jour
Madame S. a 50 ans, un mari aimant et très aidant, une fille et un garçon qui ont respectivement 29 et 26 ans. Après une hospitalisation au CPAA, un suivi au CSAPA Boris Vian et un sevrage d’alcool et de valium à la clinique d’addictologie, elle est aujourd’hui suivie à l’hôpital de jour d’addictologie. Une renaissance après des années d’errance médicale.
Fière de son parcours et souhaitant insuffler de l’espoir à d’autres, elle a accepté de témoigner.
« Avant d’entamer une prise en charge en addictologie, j’ai durant 15 ans fait de vains aller-retours en psychiatrie, notamment dus à une erreur de diagnostic ; on m’a traitée pour dépression avant de réaliser que j’étais bipolaire.
J’ai également été dépendante aux benzodiazépines durant de nombreuses années ; j’ai un médecin généraliste très complaisant qui m’a toujours prescrit beaucoup de médicaments.
Je suis tombée dans l’addiction à l’alcool il y a 2 ans suite à une grosse dépression. Je me suis mise à boire quotidiennement, tant et si bien que je faisais n’importe quoi, allant jusqu’à me blesser ; au réveil j’avais souvent tout oublié.
Le déclic est venu de la naissance de ma petite-fille. Si je voulais être en capacité de prendre soin d’elle je devais arrêter de boire. J’ai pris rendez-vous au CSAPA Boris Vian, où j’ai rapidement pris conscience qu’une hospitalisation pour sevrage était nécessaire. Ce fut rapidement chose faite à la clinique d’addictologie de l’EPSM de l’agglomération lilloise. Le fait d’être en petit groupe m’a beaucoup aidée, et j’ai vraiment eu le sentiment de bénéficier d’un suivi personnalisé de la part des soignants. Mais après le sevrage physique s’est posée la question de l’après : « qu’allais-je faire de mes journées ? » Le retour à la « vie normale » me faisait très peur, et j’ai été super contente d’apprendre que je pouvais enchaîner avec l’hôpital de jour dès ma sortie de cure.
J’ai donc commencé le suivi en hôpital de jour il y a 4 mois. Nous sommes un petit groupe, et les soignants sont vraiment attentifs et disponibles pour chacun d’entre nous. Ils nous apprennent à reprendre goût aux plaisirs simples ; voir la cuisine et sentir les bonnes odeurs m’a beaucoup aidée.
Avant, je pensais que je n’aimais rien, que rien ne pouvait m’animer. Et j’ai découvert la peinture à l’hôpital de jour. Au début j’avais peur, j’ai même pleuré lors des premiers ateliers d’arts plastiques car rien de ce que j’essayais de faire ne me plaisait. Puis j’y ai pris goût ! J’ai appris à libérer mes émotions dans la peinture plutôt que dans l’alcool. C’est une activité que je pourrai reproduire chez moi ; ça m’aide à me projeter dans l’après.
Je ne subis plus mes journées, je redors normalement ; j’avais oublié que l’on pouvait dormir de fatigue.
J’aime venir ici, il n’y a aucun jugement, c’est tellement salvateur. Ici les gens savent que l’alcoolisme ce n’est pas seulement le SDF avec son litre de vin, que l’addiction et la dépression sont des maladies qui peuvent arriver à chacun d’entre nous.
Après l’hôpital de jour, je poursuivrai le suivi en ambulatoire au CSAPA Boris Vian ; ça me rassure et me semble primordial pour maintenir l’abstinence. »