Prise en charge de l'addiction dans les structures de soin de l'EPSM de l'agglomération lilloise

Traiter l’addiction nécessite une prise en charge globale qui intègre plusieurs dimensions : physique (le sevrage et le manque), psychologique (pourquoi la personne addicte en est-elle venue à avoir cette consommation et comment vivre sans ?) et sociale (réinsertion dans la société).
A l’EPSM de l’agglomération lilloise, des équipes pluriprofessionnelles et des structures de soin différentes proposent une prise en charge personnalisée et adaptée à chaque consommateur.

Le CSAPA Boris Vian,
porte d’entrée dans le soin

Le CSAPA ( Centre de Soin, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie) accueille toute personne ayant envie d’arrêter ou de contrôler ses consommations de substances addictives, ou ayant simplement des doutes sur sa consommation. L’entourage est également le bienvenu pour bénéficier d’une écoute bienveillante et obtenir des conseils et informations.
C’est la porte d’entrée vers le soin.

Les consultations y sont ouvertes à toutes et tous, gratuites, avec ou sans rendez-vous, anonymes si souhaité, confidentielles et pour tout type de comportements de consommations avec ou sans produit.
Psychiatres, médecins addictologues, psychologues et infirmiers travaillent de concert pour offrir un accompagnement personnalisé à l’usager et/ou son entourage.
C’est la personne addicte qui fixe ses propres objectifs concernant sa consommation, guidée par les professionnels. En cas de besoin, elle pourra être redirigée vers d’autres structures de soin comme la clinique hospitalière d’addictologie pour un sevrage, ou l’Hôpital de Jour.

  • Les consultations jeunes consommateurs (CJC), pour prévenir les conduites addictives précoces

Au CSAPA, des Consultations Jeunes Consommateurs sont proposées.
Initialement mises en place pour les jeunes consommateurs de cannabis à partir de 2004, elles s’adressent désormais aux jeunes entre 15 et 30 ans consommateurs de substances psychoactives (cannabis, alcool, tabac, drogues de synthèse, cocaïne, polyconsommation) et à ceux présentant des conduites addictives sans substance (jeux vidéo, écrans…). Ces jeunes consommateurs peuvent bénéficier de consultations gratuites, anonymes et confidentielles avec les infirmiers, psychologues, psychiatres ou médecins addictologues formés aux spécificités de l’addiction chez l’adolescent.

Aux Consultations Jeunes Consommateurs, le jeune s’entretient avec un professionnel de santé en addictologie pour obtenir des conseils sur sa consommation, des informations concernant la réduction des risques, ou un accompagnement vers l’arrêt ou la maîtrise des consommations selon ses désirs et besoins.  Les jeunes peuvent s’y rendre seuls ou accompagnés de leurs parents ou d’un proche.

L’âge moyen des personnes reçues est de 20 ans dont 51% de 18-25 ans, 39% de mineurs et 10% de plus de 25 ans. Ces consultations ont été initiées pour répondre aux spécificités de l’addiction chez les jeunes. La parole y est libre : le jeune peut s’exprimer sur tous les aspects de sa situation : la scolarité, les liens familiaux et amicaux, le mal-être éventuel, la santé, etc.

L’adolescence est un moment propice aux expérimentations. Durant cette période il est rare que les consommateurs se considèrent comme potentiellement en danger alors qu’ils n’en sont encore qu’aux débuts de leur consommation, les symptômes et conséquences visibles d’une conduite addictive ne se manifestant bien souvent que plus tardivement.

Une écoute bienveillante et personnalisée est proposée. Un bilan des pratiques de consommation est tout d’abord fait avec le jeune : est-ce un comportement addictif ? Si oui, quel protocole d’accompagnement et de soin peut-on mettre en place ? Le jeune est ainsi amené à prendre conscience de ses comportements de consommation. Le but de ces consultations est de prévenir d’éventuelles conduites addictives précoces, de faire prendre conscience au jeune des risques encourus par sa consommation ou de son addiction et de l’accompagner vers une réduction ou un arrêt de ses consommations ou vers d’autres structures de soin si nécessaire.

… et pour leur entourage

L’entourage est reçu au sein de ces lieux comme un acteur à part entière. Il y trouvera un soutien, une écoute attentive et bienveillante ainsi que des informations précises sur les produits et sur les addictions.

En fonction de la problématique et de la relation avec le jeune concerné, l’accompagnement pourra se mettre en place avec l’entourage seul ou avec le jeune. La prise en charge peut prendre la forme d’une aide éducative, d’un soutien individuel ou d’une approche de groupe. Dans cette approche groupale, les parents confrontés à des difficultés similaires peuvent s’épauler en s’apportant leur expérience respective.

Le Centre TSO 
Centre de délivrance de Traitements de Substitution aux Opiacés

Au Centre TSO, les consommateurs dépendants des opiacés peuvent bénéficier gratuitement et de façon anonyme d’un traitement de substitution.  
Après entretien médical, des traitements de substitution (méthadone, subutex, buprémorphine, …) sont ainsi initiés et délivrés au centre.

Comment agit l’héroïne ? Quel est l’intérêt des traitements de substitution ?
La consommation d’héroïne comporte 3 étapes qui s’apparentent à des « montagnes russes » émotionnelles. La prise du produit commence par un très intense, très euphorisant et très éphémère « flash » (qui dure environ 10 secondes) avant d’atteindre un plateau où l’usager se sent très détendu, apaisé physiquement et psychiquement (pendant environ 3-4h). La prise d’héroïne se termine par la descente, ce pénible retour à l’état sans produit qui engendre un état de déprime comparable à une « gueule de bois ».

Les traitements de substitution tels que la méthadone ont des effets « apaisants » proches de ceux de l’étape du « plateau » d’une consommation d’héroïne (il n’y a pas de montagnes russes émotionnelles, pas de flash ni de descente). Cela permet ainsi d’éviter les effets de manque provoqués par l’héroïne toutes les 4h et ainsi de pouvoir avoir une vie sociale, professionnelle et personnelle plus équilibrée.
Les TSO peuvent être prescrits aux femmes enceintes. 

La clinique d’addictologie, 
hospitalisation pour sevrage, mise à distance de l’environnement et prise en charge des pathologie duelles

Après consultation au CSAPA, l’usager qui le souhaite peut entamer un sevrage à la clinique d’addictologie située sur le site de Lommelet de l’EPSM de l’agglomération lilloise, à Saint-André lez-Lille.

A son entrée, l’usager peut bénéficier d’un bilan administratif avec des assistantes sociales pour remettre ses papiers en règle et l’aider à effectuer les démarches administratives nécessaires durant le temps de son hospitalisation. S’ensuit un bilan somatique effectué par un médecin généraliste afin d’identifier les éventuels problèmes physiques à soigner. Le degré de motivation de l’usager est également mesuré. En effet, la motivation est un facteur très important dans le soin à l’addiction : elle doit venir de la personne elle-même pour avancer au mieux vers les objectifs qu’elle s’est fixés.

L’usager est hospitalisé pendant une période d’environ trois semaines dans une des deux unités, La croisée ou Lewis Caroll, où il dispose d’une chambre individuelle.

Il bénéficie d’un suivi pluriprofessionnel par des psychiatres, addictologues, infirmiers, psychologues, assistantes sociales, socio-esthéticiennes, ergothérapeutes et psychomotriciennes. 

Cette période difficile pour l’usager est soutenue par un traitement médicamenteux adapté et la mise en place de plusieurs activités thérapeutiques utiles au rétablissement du patient. Habitué à un soulagement immédiat grâce à la drogue, le patient doit faire face à la frustration et à la réalité de ses émotions, de ses comportements et de sa situation lors du sevrage ; il redécouvre une vie « sans filtres ».

En premier lieu, on aide le patient à se réapproprier son corps lors du sevrage au produit. La consommation de substances coupe le consommateur addict de ses sensations et du plaisir physique. Plusieurs activités sont proposées aux patients pour réinvestir leur corps :  de la balnéothérapie et de l’ergothérapie pour redécouvrir les sensations corporelles ou encore de l’équithérapie pour réapprendre un contact bienveillant dans l’instant présent avec l’autre.

L'addiction éloigne le consommateur du respect et de l’appréciation de son corps. Des socio-esthéticiennes aident ainsi les usagers à reprendre soin de leur apparence afin de les aider à retrouver leur respect et estime d’eux-mêmes.

Si le sevrage physique ne nécessite en général qu’une dizaine de jours, la dépendance psychologique est beaucoup plus longue et nécessite de mettre en place de nouvelles ressources pour éviter de rechuter. 

Lors du sevrage, les patients sont confrontés au craving (de l'anglais : « désir ardent, appétit insatiable ») : il s’agit d’une forte envie de reconsommer la substance. Le cerveau réclame le produit et les pensées sont concentrées sur la consommation. Plusieurs facteurs peuvent déclencher le craving : le rayon alcool dans un supermarché, les terrasses, un bruit associé à la consommation (briquet, verres, musique), des émotions positives ou négatives ou un contexte associé à la consommation de drogues. Ce craving intense dure environ 20 minutes, puis se dissipe.

Il est important de mettre en place des stratégies pour réapprivoiser ce craving et éviter de rechuter ; il peut être judicieux d’appeler un proche ou de se confier à un professionnel. D’autres préféreront se plonger dans une activité qui leur procure du plaisir et qui concentre toute leur attention, comme le dessin, le jardinage, une balade, du sport ou toute autre activité occupationnelle.

A la clinique d’addictologie, les consultations avec les psychologues permettent d’être soutenu durant l’arrêt des substances. C’est un suivi court, qui se concentre sur l’état du patient « ici et maintenant ». Le patient peut discuter librement de tous les sujets. S’il le souhaite, il pourra poursuivre son suivi avec la psychologue après son hospitalisation.
La gestion des émotions est souvent au cœur du suivi ; il s’agit de réapprendre à faire face à la réalité et à ses émotions, positives et négatives, avec de nouveaux outils. La relaxation joue un rôle important dans la prise en charge : il faut tout d’abord être réellement détendu pour identifier ses émotions et pouvoir les gérer.

Pour faire face au craving et à l’état de manque, les patients sont confrontés à des images ou situations susceptibles de déclencher une envie de consommer. Le patient est alors amené à prendre conscience des facteurs de risque et de ses pensées automatiques afin de les déjouer et d’adopter de nouvelles stratégies cognitives. A force d’être exposé à des situations de tentation susceptibles d’amener à une consommation (mais sans consommer !), le cerveau s’habitue et la mémoire cognitive permet de s’adapter plus facilement à une situation du même genre dans le futur.

Il conviendra de maintenir ses efforts sur le long terme et de garder en tête qu’à force de temps, de motivation et de courage, on peut s’en sortir.

L’Hôpital de jour,
début d’une prise en charge ou pour la consolidation des soins

Après une hospitalisation à la clinique d’addictologie, il est possible de consolider le soin à l’Hôpital de Jour.
C’est un intermédiaire entre l’hospitalisation complète et le suivi en ambulatoire ; les patients y viennent à la journée et rentrent chez eux le soir.

La prise en charge s’appuie sur des objectifs précis et s’étend sur un temps donné (environ trois mois).
Elle s’articule autour d’activités de groupe (groupes de parole sur la prévention de la rechute, ateliers sur la gestion des émotions, activités thérapeutiques, artistiques et sportives) et d’entretiens individuels (infirmiers, psychologue, assistante sociale).
La venue en hôpital de jour, toujours issue d’une démarche volontaire, permet également aux usagers d’avoir un rythme de vie et une alimentation corrects.

L’arrêt des consommations entraine des réactions nouvelles et un face-à-face avec la réalité.

Les personnes addictes ont souvent oublié comment vivre sans produits ; l’hôpital de jour leur réapprend à exister autrement que par la consommation de substance, en trouvant du plaisir ailleurs. La gestion du temps libre est notamment travaillée, afin d’éviter le fameux « je m’ennuie donc je consomme », très fréquent chez les usagers.

ELSA, une équipe mobile de liaison pour les soins en addictologie

Créée avec le Plan 2007-2011 de prise en charge et de prévention des addictions, l’Equipe de Liaison et de Soins en Addictologie (ELSA) a ouvert ses portes en 2009. Composée d’un médecin (à mi-temps), de trois infirmiers et d’une assistante sociale, l’équipe se déplace en intra et en extra-hospitalier sur tout le territoire de la métropole lilloise. Elle intervient à la demande de professionnels (IDE, internes, éducateurs, travailleurs sociaux…) qui se trouvent face à une personne susceptible d’avoir besoin de soins en addictologie ; cela peut être dans les hôpitaux Saint-Philibert et Saint-Vincent, en psychiatrie générale, en prison, dans un foyer, en EHPAD… ELSA se déplace pour évaluer la situation et confirmer que la prise en soins en addictologie est nécessaire puis elle oriente la personne vers la structure adaptée (CSAPA, clinique d’addictologie ou hôpital de jour) qui prendra le relai et mettra en place le suivi adéquat.

Vous vous sentez concerné·e ?

Besoin d’une consultation ? Contactez le CSAPA de votre région pour obtenir une consultation avec un professionnel de santé en addictologie. A Lille, c’est le centre Boris Vian situé 19, avenue Kennedy à Lille – 03 20 15 85 35.

Vous avez besoin d’un traitement de substitution à l’héroïne (méthadone) ? Adressez-vous au CSAPA qui vous redirigera vers le Centre TSO. Info : le traitement de substitution à la méthadone convient aux femmes enceintes ; le sevrage du bébé se fait en quelques jours.

Vous voulez vous sevrer physiquement au produit ? Adressez-vous au CSAPA qui vous redirigera vers la clinique d’addictologie (de Lommelet)

ATTENTION ! : Dans le cas d’une dépendance à l’alcool, il ne faut surtout pas entamer un sevrage seul : l’arrêt brutal de l’alcool peut entrainer des risques physiques très graves voir mortels, il est important d’entamer le sevrage à l’alcool en étant accompagné médicalement.

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