L'addictologie

Qu’est-ce que l’addiction ?

On définit l’addiction comme une « affection cérébrale chronique, récidivante, caractérisée par la recherche et l’usage compulsifs d’une substance psychoactive (alcool, drogue, médicaments) ou la pratique anormalement excessive d’un comportement (jeux vidéo, jeux d’argent), malgré la connaissance de ses conséquences délétères. »

L’addiction n’est pas un plaisir, c’est une souffrance. On constate que l’addiction peut être stigmatisée par la société en général, et même au sein du secteur de la santé. Des idées reçues persistent encore aujourd’hui : si quelqu’un est en proie à une addiction, c’est qu’il le veut bien et qu’il y prend du plaisir. Cela est totalement faux. On parle justement d’addiction quand consommer une substance n’est plus un plaisir. Le consommateur dépendant consomme pour compenser le manque physique et/ou psychologique. Le produit devient nécessaire comme une sorte de « médicament » au quotidien pour atténuer le manque physique ou psychologique, les angoisses, les peurs, les inquiétudes et les sentiments d’isolement, de rejet ou de solitude.

La consommation de substance(s) permet un soulagement immédiat de la souffrance, mais agit sur une très courte durée. La temporalité de la personne addicte est modifiée : habituée à l’immédiateté de la consommation de produit, elle peut éprouver beaucoup de mal à se confronter à la réalité et à se projeter dans le futur. L’usager perd alors le contrôle de sa vie et de ses projets. Il consacre tout son temps et son énergie à penser au produit, à tenter de se le procurer ou à le consommer. Il en vient à négliger son alimentation, ses relations, son corps et ses valeurs pour le produit.

L’addiction est une maladie. La consommation de produits psychoactifs et les comportements addictifs atteignent directement les schémas neuronaux liés au plaisir. La production de dopamine, neurotransmetteur lié aux systèmes de plaisir, de volonté, de motivation, de sommeil, de mémoire et de concentration, est modifiée par la consommation problématique.

Au fil du temps, les phénomènes de tolérance, d’accoutumance et d’homéostasie diminuent les effets attendus et induisent une augmentation de la consommation, souvent en vain.

La solution au problème initial est devenue le problème lui-même.

Consommer des produits devient par la suite une nécessité pour maintenir un état « quasi normal ». Même si le consommateur a conscience des conséquences nocives qu’entraîne sa consommation sur sa vie sociale, affective, professionnelle ou financière, celui-ci continue de consommer. Il est sujet à des craving (de l'anglais : « désir ardent, appétit insatiable »), qui sont des envies irrépressibles de consommer malgré le désir de ne pas le faire.

Les consommateurs sont souvent victimes de stigmatisation et de rejet liés à leurs consommations.
L’entourage ignore en effet bien souvent que l’addiction est une maladie chronique et que les éventuelles rechutes font partie de la maladie.

Or, une considération bienveillante est un terreau favorable à l’entreprise d’une démarche de soins et au rétablissement des personnes addictes.

L’addiction peut toucher tout le monde. Il n’y a pas de profil type du consommateur de substances, ni de parcours type d’entrée dans l’addiction. Certaines personnes commencent par une consommation récréative avec des amis en soirée, avec la famille ou lors de dîners d’affaires, quand d’autres deviennent dépendants en voulant initialement soulager une souffrance psychique ou physique.

Selon le psychiatre français Claude Olievenstein, l’addiction résulte de « la rencontre entre un produit (ou un comportement) et un individu dans un moment socioculturel donné ».

L’addiction est considérée comme étant la conséquence de nombreux facteurs de vulnérabilité (qui peuvent être individuels, génétiques, familiaux, environnementaux, physiques et psychologiques) contrebalancés par des facteurs de protection (liens d'attachement élaborés, climat familial chaleureux, travail épanouissant).

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