Six soignants de l’EPSM en renfort Covid aux Antilles – un Grand Merci !

Notre Coordonnateur Général des Soins, M. Cédric Bachellez, a tenu à réunir les six soignants de notre établissement partis en renfort Covid aux Antilles, afin de les remercier pour leur engagement et leur solidarité. Qu’ils aient répondu à l’appel de l’ARS ou qu’ils soient partis avec la CUMP (Cellule d’Urgence Médico-Psychologique), les soignants peuvent être fiers de leur action en soutien à leurs homologues martiniquais ou guyanais.  

De gauche à droite : David Allart, Céline Costenoble, Laura Prêtre, Vanessa Chicot, Sophie Catteau, Thomas Clary

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Sophie CATTEAU, psychologue
Une semaine en Martinique, avec la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP)

"En aout 2021, face à un rebond fulgurant de Covid19, la CUMP59 a appelé les volontaires de l’EPSM AL à venir renforcer la CUMP de la Martinique.

Notre équipe, constituée d’un psychiatre - chef de mission, de trois psychologues et d'une infirmière avait pour mission de soutenir les soignants et les familles des patients.

Nous avons travaillé en collaboration avec la CUMP locale et cinq soignants venus de l’ouest de la métropole.

Un accueil chaleureux nous a été réservé au Centre Hospitalier Universitaire de la Martinique (CHUM) par l’ensemble du personnel. Les soignants étaient épuisés et débordés par la vague de Covid qui a déferlé sur les hôpitaux de l’île : nombreux décès, glissements de tâches, congés annulés, proches décédés ou hospitalisés…

Constituées en binôme, nos équipes mobiles sont allées vers les soignants et les familles des différents hôpitaux de l’île. Nous avons effectué des entretiens individuels, collectifs ou des débriefings. Les personnes hospitalisées Covid+ étaient pris en charge par les psychologues du CHUM.

Les missions CUMP sont placées sous la responsabilité d’un chef de mission qui coordonne les équipes, assure la logistique et les liens avec les autorités médicales et administratives locales. Un briefing est effectué avant le départ et un débriefing collectif, en retour de mission, est organisé par les référents CUMP du CHU de Lille. Le cadre rassurant proposé par le chef de mission et l’équipe de Lille nous a permis de nous consacrer uniquement à la clinique. Les déclenchements CUMP se font par le biais d’un groupe Whatsapp (Volontaires EPSMAL/CUMP59). Les volontaires y répondent après accord des référents hiérarchiques.

Suite aux attentats de Paris, la direction de l’EPSM a proposé de répondre à l’appel à volontariat de la CUMP 59. Vingt-trois agents (médecins, psychologues, infirmiers et cadres de santé) de l’établissement sont ainsi devenus volontaires.

Deux fois par an, les volontaires de Lommelet invitent les responsables de la CUMP, le Docteur Frédérique Warembourg et Julie Fry (psychologue), à venir présenter des vignettes cliniques et théoriques.

Participer aux missions de la CUMP permet d’aborder le psychotraumatisme dans le cadre théorique et clinique de l’urgence : en immédiat et post-immédiat. Il s’agit d’assurer la prise en charge médico-psychologique individuelle et collective des victimes de catastrophes (attentat, accident…). Ces évènements, à haut potentiel traumatique, impliquent un grand nombre de victimes psychiques et sont susceptibles d’entrainer des répercussions psychologiques importantes."

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Céline COSTENOBLE, infirmière au CPAA
Deux semaines en Martinique, suite à l’appel de l’ARS

"J’ai répondu au mail envoyé par l’établissement suite à la demande de renfort émise par le Ministère de la Santé. J’ai ainsi été contactée pour effectuer une mission en Martinique entre fin septembre et début octobre 2021, afin de soutenir mes collègues antillais.

En plus de cette envie d’entraide, j’avais envie de me lancer un défi professionnel après 22 ans d’expérience, afin de savoir si j’étais capable de m’adapter à ce type d’action.

J’ai été accueillie directement en sortant de l’avion où j’ai reçu un questionnaire de compétences. Je me suis alors proposée en tant qu’infirmière ou aide-soignante et ai finalement été affiliée au service "médecine COVID" en tant qu’aide-soignante.

Je ne savais pas qui ferait partie de l’équipe mais j’ai eu la chance de retrouver à l’arrivée une camarade de promotion et des collègues de Bailleul. Nous avons formé un "groupe EPSM" et nous sommes motivées et encouragées les unes les autres. Cela a amené une énergie sympa, une belle solidarité !

Pendant la mission, je suis passée par trois services "médecine COVID" en tant qu’aide-soignante, ce qui m’a amenée à m’adapter rapidement et retrouver mes repères à chaque fois, ce que j’ai réussi à faire sans trop de difficultés et qui m’a permis de gagner en confiance.

Mon expérience s’est très bien passée au niveau humain mais j’ai été vraiment surprise par les conditions matérielles, et attristée pour les soignants locaux. En effet, les bouteilles d’eau et les serviettes manquaient, ce qui nous amenait parfois à sécher les gens avec leurs draps. Il n’était d’ailleurs pas toujours possible de changer ces draps qu’il fallait donc laisser sécher. Ce problème d’hygiène, ajouté aux conditions climatiques chaudes et humides, ne nous a pas facilité la tâche. Mais nous savions pourquoi nous étions là, nous étions demandeurs et motivés et cela nous a permis de mieux supporter les contraintes annexes.

Suite à cette aventure, j’ai confectionné un livre-photos pour représenter cette belle parenthèse professionnelle que je compare à une mutation de 15 jours sans tracas administratifs, sans impact négatif sur ma carrière, et avec l’opportunité de découvrir un nouveau milieu, une nouvelle manière de travailler.

C’était une première pour moi et cela m’a donné envie de poursuivre, de repartir. Je songe même à m’inscrire à la réserve sanitaire d’ici 4-5 ans, quand mes enfants seront grands. 

Je tiens d’ailleurs à remercier Patricia Varlet et Cédric Bachellez qui m’ont donné l’autorisation de partir et de vivre cette expérience hors du commun."

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Vanessa CHICOT, aide médico-psychologique à la MAS
Deux semaines en Guyane

"J’ai répondu à l’appel émis par l’ARS et relayé par l’EPSM afin de partir en renfort Covid aux Antilles. Je m’attendais à partir en Martinique mais l’on m’a finalement proposé de partir 15 jours en Guyane entre octobre et novembre 2021 pour aider en tant qu’Aide Médico-Psychologique et Aide-Soignante dans un service hospitalier dermato-Covid.

Les patients du service où j’ai été affectée étaient atteints de la lèpre, de la gale, de la tuberculose, du VIH, du diabète… Certains avaient le Covid en plus de leur pathologie.

Ces patients venaient principalement du Surinam et du Brésil pour se faire soigner en Guyane afin de bénéficier de la gratuité des soins. J’ai été très bien accueillie par les patients ainsi que par les soignants. Malgré cela, le manque de moyens était criant et le premier jour a été particulièrement éprouvant. En effet, j’étais la seule aide-soignante pour 14 patients, avec une seule infirmière dans le service. Il n’y avait pas d’eau chaude ; j’ai dû chauffer de l’eau à la bouilloire pour laver les gens. De plus, le milieu était humide, les ventilateurs muraux étaient pratiquement tous défectueux et il n’y avait pas de clim sous une chaleur avoisinant les 38-40°C.

Quand je me suis retrouvée seule le deuxième jour, j’ai décidé de prendre des initiatives plutôt que de paniquer, et j’ai notamment organisé une collecte de couverts en plastique et de produits de douche pour les patients. Cette expérience en Guyane représentait un vrai challenge, mais j’étais déterminée à le relever !

Un jour, j’ai dû faire trois services de l’hôpital pour trouver un rasoir BIC avec lequel j’ai ensuite rasé la barbe de trois mois d’un patient, une épreuve qui aura duré 1h30 mais qui aura amené le sourire au monsieur !

Malgré la barrière de la langue, j’ai su m’adapter en communiquant avec des gestes ou avec le regard.

Les collègues de Guyane étaient fatigués mais je tenais à les soutenir malgré des journées de 12 heures et le décalage horaire. J’ai vécu mon expérience à fond, j’ai aimé devoir m’adapter à de nouvelles équipes et de nouveaux protocoles. De plus, l’adrénaline fait qu’on ne ressent pas la fatigue. Une collègue m’a d’ailleurs dit une phrase que je retiendrai toujours : "La Guyane te gagne".

Tout s’est finalement très bien passé, je me suis surpassée tant sur le plan humain que sur le plan personnel, alors que je suis de nature peureuse ! C’est ce contexte qui fait que l’on se dépasse ; je me suis retrouvée face à des situations que je n’avais jusqu’alors jamais vécues, notamment la rencontre avec certaines maladies telles que la lèpre ou la tuberculose. Pour une première expérience je pense avoir réussi mon challenge !

Après 13 ans d’expérience en EHPAD, 10 ans en psychiatrie à la MAS en tant qu’AMP ainsi qu’une VAE d’Aide-Soignante, je n’avais jamais travaillé à l’hôpital et me suis pris une belle claque ; on se rend compte qu’on a tout ce qu’il faut ici en France. Pour une première expérience je pense avoir réussi mon challenge ! Je n’oublierai jamais cette belle aventure.  

A mon retour je me suis inscrite à la réserve sanitaire, déjà prête à repartir ! Et c’est chose faite puisque j’ai effectué une mission de deux semaines à l’hôpital d’Ajaccio dans le service Soins de Suite et de Réadaptation.

Je suis restée en contact avec mes collègues de Guyane et certains de mes patients. Je tiens à les remercier infiniment pour leur accueil et leur bienveillance !

Un grand merci également à ma cadre, à Mr Beudaert et à Mme Varlet, ainsi qu’à mes collègues de la MAS qui m’ont beaucoup soutenue ! Merci également à ma famille qui m’appelait régulièrement et qui m’a apporté beaucoup d’énergie !"

 

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Laura PRÊTRE, aide-soignante
Deux semaines à Fort-de-France, avec l’ARS

"Suite à l’annonce en ligne pour l’appel aux Antilles, j’ai postulé avec une collègue afin d’aider mes homologues martiniquais. J’ai été contactée trois semaines plus tard et, suite à un problème dans le dossier de ma collègue, je suis finalement partie seule en tant qu’aide-soignante du 21 septembre au 10 octobre 2021.

Il y avait une très bonne organisation ! Dès notre arrivée, nous avons dû remplir des fiches de "préférences" qui nous demandait notamment si l’on souhaitait travailler de jour ou de nuit, et nous avons été logés en chambre individuelle dans un hôtel.

En accord avec ma demande, j’ai été affectée de nuit au CHUM de Fort-de-France dans un service Covid, qui est en temps normal le service diabète, où j’ai tout de suite pris le train en marche. Quand on est de nuit il n’y a personne pour vous accueillir, on arrive aux transmissions, on essaie de suivre, et on se lance !

J’ai été rattachée à une équipe de deux infirmiers et une aide-soignante. Notre rôle consistait à faire le tour des constantes 3 fois par nuit, et à faire des toilettes, parfois à 5h du matin. Les gens dormaient très peu ; ils avaient peur.

Le service Covid était divisé en 2 ailes. Mon binôme et moi avions chacune "notre" couloir, il y avait un total de 18 lits répartis en chambres doubles ou individuelles. J’ai été surprise par le manque d’intimité dans les chambres doubles. En Martinique, la notion de pudeur est presque inexistante ; on pouvait changer une personne en présence de son voisin de chambre. J’ai également été surprise par le manque d’hygiène et de moyens. A titre d’exemple, j’ai été amenée à sécher les patients avec des draps car ils n’ont pas de serviette, ils utilisent peu les ordinateurs et font tout sur papier…
Dans ce service, il s’agissait de patients qui revenaient de réanimation ; leur état s’améliorait doucement mais ils étaient encore sous oxygène. On ne soignait pas uniquement le Covid car les patients avaient généralement d’autres maladies dont du diabète, des soucis de peau...

Il y a eu malgré tout deux décès en deux semaines et un homme en détresse respiratoire. J’ai le souvenir de son regard face auquel nous nous sommes sentis si impuissants…

Certaines pratiques étaient différentes des pratiques habituelles en France et de ce qu’on a appris à l’école mais on s’est adapté, on n’était pas là pour changer leur façon de travailler. C’était parfois dur psychologiquement, notamment au début où j’avais parfois la sensation d’être de trop, mais finalement j’ai eu de bons rapports avec mes collègues et j’ai appris des choses malgré le manque de moyens.

Les soignants étaient fatigués et résignés de la situation. Ils ne le montraient pas forcément, mais ils étaient très touchés. Ils devaient faire face et ne voulaient pas lâcher car il faut savoir qu’il y a une grande solidarité entre Martiniquais, c’est ce qui les aide à tenir. Même si les conditions sont difficiles, on voit que les soignants se donnent à 100% pour les patients. Les Antilles c’est une grande famille.

Quand on est là-bas, le temps passe très vite, on fait tellement de choses en 2 semaines. C’est quand on rentre en France qu’on a un retour de vague et qu’on se rend compte de ce qu’on a fait. Je ne pensais jamais être capable de partir seule en Martinique et finalement je suis vraiment fière d’avoir vécu cette expérience. Ça m’a donné confiance d’un point de vue professionnel, j’ai prouvé que j’étais capable de m’adapter.

Ça a été une expérience humaine pleine de souvenirs qui m’a beaucoup plu. Je ne regrette pas de l’avoir fait et je suis prête à renouveler l’expérience, mais accompagnée, car la solitude n’a pas toujours été évidente à gérer. Je me suis donc inscrite sur la réserve sanitaire ! Nous avons de la chance avec notre métier de pouvoir participer à ce genre d’actions et cela me donne envie de pousser encore un peu plus loin ce côté humanitaire."

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Retrouvez ci-dessous les témoignages de David Allart et Thomas Clary :
Lien vers l'article

Bravo à toutes et tous !

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