Marie Amélie Le Fur - AE #09

Marie-Amélie Le Fur est la nouvelle icône du sprint tricolore. Alors qu’elle pratique l’athlétisme à un haut niveau, elle est amputée de la jambe gauche sous le genou à la suite d’un accident de scooter en mars 2004. Dernièrement, elle arrache la médaille d’or aux Jeux Paralympiques de Londres. La jeune athlète handisport âgée de 24 ans nous raconte son parcours et son engagement pour changer les regards portés sur le handicap.

L’or, ce n’est pas rien ! Racontez-nous ce moment magique des JO…
Avant de prendre le départ de la course, j’étais terriblement stressée, la peur de ne pas y arriver. Mais, quelques minutes avant de rentrer en piste je me suis dit que je ne devais pas baisser les bras, que je devais croire en moi et aller chercher cette médaille pour toutes les personnes qui se sont investies et qui avaient confiance en moi. Donc forcément, après ces longues secondes de doute sur ma victoire, c’est évidemment à eux que j’ai pensé lors de l’annonce de mon nom. J’étais tellement heureuse d’avoir réussie mon objectif, fière d’offrir cette médaille à mes proches, mes coachs et mon pays.

En 2004, comment avez-vous trouvé la force mentale de surmonter votre handicap ?
Une nouvelle fois grâce à tous les gens qui m’entourent. Mes parents, ma sœur, ma famille, les pompiers, mes amis… Voir la tristesse dans leurs yeux m’a fait énormément de mal, ainsi j’ai décidé de me battre, de reprendre goût à la vie tout simplement pour revoir un sourire sur leurs lèvres. Mon « mental » dépend énormément de l’amour de mes proches. Je pense être également très têtue, donc quand j’ai un projet, un objectif je mets tout en oeuvre pour y arriver ! Et puis, le sport m’a donné un objectif de vie derrière l’accident. Et cela m’a également permis d’apprendre et de connaitre mon schéma corporel en douceur.

Comment qualifieriez-vous votre mental ?
Le mental est lié à l’envie de gagner vient de l’envie de toujours faire mieux, de se surpasser, et aussi au plaisir que je prends à courir. Quand je sens l’un ou l’autre fléchir je prends alors appui sur mes proches pour me remotiver.

Pensez-vous que le « regard des autres » a changé sur le handicap ?
Oui je pense que petit à petit les gens se sentent de plus en plus concernés par le handicap. On le connaît mieux, on en parle plus, et donc on en a moins peur. Plus on fera connaître le handicap dans ses dimensions positives (le handisport par exemple), et plus les gens se familiariseront avec.

Comment vivez-vous d’être sous les projecteurs ?
Plutôt bien, je me sers de ce coup de projecteur sur ma carrière et mon histoire pour faire connaître le handisport et réaliser un grand nombre de sensibilisations auprès des enfants mais également des adultes. J’espère en tout cas pouvoir représenter une bonne image du handisport, et réussir à transmettre les valeurs qui me paraissent primordiales.

Vous êtes aussi chargée de communication chez EDF,  pensez-vous que les médias et les sponsors sont de plus en plus concernés par le handicap ?
Oui et non, nous sommes obligés de faire beaucoup de communication pour trouver des partenaires car le handisport coûte encore relativement cher et les partenaires ne se bousculent pas. Nous pouvons dire que les médias sont de plus en plus contraints au fait de se sentir concernés par le handicap car l’opinion publique y adhère de plus en plus. Mais je pense que les médias n’ont pas relayé à plein les jeux paralympiques car ils ne se sont pas rendu compte de l’impact que cela avait sur le public… Et pour les sponsors c’est simple, tant qu’il n’y aura pas de retour médiatique plus conséquent, seuls les entreprises et partenaires ayant déjà une sensibilité au handisport nous feront confiance.

Auriez-vous un message particulier à donner aux handicapés psychiques ?
Il faut croire en soi, en ses capacités, en ses rêves et bien s’entourer pour tracer sa voie.

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