Le tout dernier été d’Anne Bert - AE #27
Atteinte de la maladie de Charcot, une maladie évolutive et incurable, Anne Bert a fait de son suicide programmé une bataille littéraire, médiatique et politique. Elle est morte lundi 2 octobre dernier, à l’âge de 59 ans, dans un service de soins palliatifs en Belgique.
C’est sous la forme d’un hommage que se présente cet éclectique, hommage à une femme lumineuse que la réflexion sur la folie intéressait beaucoup : « j’ai lu le livre L’intranquille de Gérard Garouste, un livre qui m’avait profondément remuée » nous écrit cette femme qui se décrit comme « ordinaire, je ne prétends à aucun régime particulier ».
Dans une démarche sans précédent, Anne Bert avait non seulement annoncé son intention de partir mourir en Belgique, tout en regrettant de devoir quitter la France pour le faire, la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie, votée en décembre 2015, étant selon elle inadaptée pour les malades en fin de vie. Anne Bert avait également pris le temps et trouvé la force de répondre à tous les media qui la sollicitaient, mais aussi au quidam… Les témoignages qu’elle a reçus lors des derniers mois de sa vie ont été très nombreux : « je tiens dès aujourd’hui à vous dire combien je suis touchée par vos intentions, votre attention, votre présence affectueuse même si la plupart du temps nous ne nous connaissons pas, touchée par votre attachement à la liberté, souvent votre désespérance à subir ce que l’on veut vous imposer, touchée par vos confidences si intimes, si secrètes et indicibles, et par ce qu’on vous oblige à faire ou à ne pas faire, par votre désobéissance parfois, bref merci infiniment pour ces partages. Assurément nous ne sommes jamais seuls. » écrit-elle dans son blog « L’impermanence ».
(anneelisa.wordpress.com)
Inlassablement, elle expliquait son combat, comme lors de son émouvante rencontre avec la journaliste Léa Salamé sur France Inter (www.franceinter.fr). Contactée par notre rédaction, l’échange n’a pu que commencer, mais a été marqué tout au long par un formidable goût de la vie : « explorer les arrières boutiques, les failles, les faiblesses, ce que révèlent les détails, les choses difficiles ou même monstrueuses, les doutes et l’impermanence des choses, tout cela me passionne… » écrit-elle. Elle n’aura pas eu le temps de répondre à nos questions mais nous envoie, son « Tout dernier été », une œuvre de littérature où elle raconte son histoire, prochainement disponible au centre de documentation.