Des soins de support pour la psychiatrie

Partages d’expériences et innovations croisées.

Le Dr Bubrovszky, chef du pôle 59g11, est intervenu en mars dernier lors du 2ème congrès de soins de support et maladies chroniques organisé par l’Association Concipallia à Lille Grand Palais.
Son intervention faisait suite à un état des lieux des organisations des soins somatiques en psychiatrie présenté par Wanda Yekhlef, médecin généraliste à l’EPSM de Ville-Evrard : « aujourd’hui les patients s’améliorent sur le plan psychiatrique et somatique, mais leur espérance de vie est considérablement atteinte : par rapport à la population générale, un patient souffrant de troubles psychiatriques perd 15 ans d’espérance de vie », synthétise le Dr Bubrovszky, s’appuyant sur une étude épidémiologique menée en France par l’IRDES en 2018.

Dr Maxime Bubrovszky

Cette perte de 15 ans d’espérance de vie d’un patient psy par rapport à la population générale a quatre causes principales :
• Mort violente : suicide, accidents
• Facteurs de risque : tabac, sédentarité, observance
• Effets secondaires des psychotropes : métabolique, cardio vasculaire
• Soins de moins bonne qualité : accès aux soins, dépistage, prévention. 15% de patients psy n’ont pas de médecin généraliste déclaré, contre 6% dans la population générale.

À partir de ce constat, le Dr Bubrovszky s’est penché sur un autre modèle de prise en charge de maladies chroniques : la cancérologie. « Il y a beaucoup de similitude entre la cancérologie et la psychiatrie », explique-t-il, « comme les effets secondaires des antimitotiques lourds, les traitements complexes, les comorbidités nombreuses. Les situations présentent des similitudes, c’est pourquoi il est intéressant de s’inspirer de l’organisation des soins de support pour la psychiatrie. » Ainsi, dans la PEC en cancérologie, les dispositifs de soins de support sont un facteur de maintien de la qualité de vie des patients et de gain d’espérance de vie. « Par une plus grande présence de la MG dans les services de psychiatrie, y compris en ambulatoire et une meilleure coordination avec le médecin traitant du patient, la psychiatrie pourrait limiter les dégradations de la santé associées à la maladie chronique. Le clivage philosophique entre « soins somatiques » et « soins psychiatriques » doit être définitivement dépassé ».

En conclusion, si la sectorisation psychiatrique reste pionnière dans le développement d’une coordination des soins psychiatriques avec les autres dispositifs ambulatoires, elle doit être renforcée par un meilleur accès aux soins et une meilleure articulation des compétences.

 

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