Psychiatrie et justice #4 - Quel traitement médiatique ?

Quel traitement médiatique ?
22 novembre 2011

Maison de l'Éducation Permanente - Lille


Le traitement médiatique de l’actualité concernant le domaine judiciaire et celui de la psychiatrie est lourd de conséquences et de dommages potentiels pour les acteurs concernés. Psychiatrie et justice peuvent-elles communiquer sur la complexité de leurs dispositifs et de leurs fonctionnements communs sans les caricaturer ? Sont-elles condamnées à être traitées dans les médias par le biais de faits divers spectaculaires ? Comment les médias influencent-ils l’opinion publique et les institutions politiques sur ces sujets ? En s’appuyant sur le traitement médiatique de récentes actualités comme la Loi du 1er juillet 2011, les intervenants interrogeront le principe de citoyenneté, comme perspective commune à la psychiatrie, la justice, et les médias.
__

> Par le Professeur Pierre Thomas,
professeur de psychiatrie, CHRU de Lille, chef du service médico-psychologique régional de Lille

Pouvez-vous rappeler le contexte de l’initiative d’un colloque « Psychiatrie et justice » ?
Le premier colloque a eu lieu en 2008 sur une initiative de Christian Müller et de l’ANPCME, accompagné dès le début par le Tribunal de Grande Instance de Lille, la cour d’appel de Douai, l’EPSM de l’agglomération lilloise, et les Docteurs Lallaux, Wizla et moi-même. Il s’agissait de proposer un espace de réflexion dans un contexte général de faits divers comme l’affaire de Pau, qui mettait en avant les liens entre psychiatrie et justice avec la réapparition d'une certaine forme de stigmatisation associant violence et maladie mentale.

Pourquoi évoquer cette année la question du traitement médiatique ?
Ça a été presque un cri du cœur du comité de pilotage suite au doigt pointé sur la justice par le Président de la République, disqualifiant le système pénal et les jap. Notre réflexion a été de dire qu'autant les juges que les psychiatres étaient exposés à la vindicte médiatique. Il faut reconnaître que nous avons des difficultés à communiquer avec les médias, qui détestent la complexité. Or nos disciplines sont techniques, complexes, nous sommes tenus aux secrets médical ou d’instruction des dossiers… Certains médias rentrent certes dans le fond des sujets, mais leur visibilité est parfois confidentielle : notre colloque a pour but de donner un espace de visibilité un peu plus large à nos pratiques.

De quelle actualité allez-vous parler spécifiquement ?
La loi du 5 juillet 2011 est une actualité extrêmement importante pour le travail commun de la psychiatrie et de la justice. Le cataclysme qu’elle produit dans la prise en charge des personnes souffrant de troubles psychiques et des soignants est très peu médiatisé. Mais pour communiquer sur ces effets, il faut se donner du temps, ne pas réagir par l’émotion ou le sensationnel, en miroir de ce que les médias font (en montant en épingle par exemple un suicide au retour du tribunal). Nous donnons beaucoup d’importance à une information qui  soit le fruit d’une réflexion, d’une recherche, avec des données quantitatives et qualitatives… Nous avons ainsi créé un observatoire régional de la loi à la Fédération Régionale de Recherche en Santé Mentale avec Maxime Bubrovszky.

_____

Programme de la journée
_

MATIN

08H30 : Café d'accueil

09H00 : Ouverture protocolaire de la journée d’étude
Daniel Lenoir, Directeur général de l’Agence Régionale de Santé Nord-Pas-de-Calais
Marielle RENGOT, Conseillère municipale déléguée à la santé, ville de Lille
Jacques DORÉMIEUX, Substitut général, Cour d'appel de Douai
Joël NOËL, Directeur général de l'EPSM de l'agglomération lilloise

09H30 : Propos introductif par le Professeur Pierre THOMAS, Professeur de psychiatrie à la Faculté de Médecine,  Université de Lille II - SMPR - CHRU Lille

09H45 : Gilbert THIEL, Magistrat, Tribunal de Grande Instance, Paris
Thème : Les médias contribuent-il à déstabiliser les institutions ?
En montrant comme certains faits divers ont pu influencer la législation, Gilbert Thiel évoquera une nouvelle forme d’insécurité : l’insécurité institutionnelle.

10H30 : Pause

11H00 : Professeur Bruno GRAVIER, Médecin-chef, Service de médecine et de psychiatrie pénitentiaires, Département de psychiatrie du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois de Lausanne, Suisse
Thème : L'influence  des représentations médiatiques de la dangerosité et de l’enfermement associées à la maladie mentale sur la pratique des psychiatres  

11H45 : Dominique SIMONNOT, Journaliste spécialiste des affaires judiciaires
Thème : Le climat médiatique traduit-il ou crée-t-il un climat de peur et d’insécurité par rapport à la maladie mentale ?

12h30 : Pause déjeuner


APRÈS-MIDI

14H00 : Lecture critique du traitement médiatique de psychiatrie et justice (Loi du 5 juillet 2011) par Stéphane GRAVIER
, Journaliste

14h15 : Comment les traitements médiatiques influencent-ils l’opinion publique et les institutions politiques ?
Table ronde modérée par Stéphane GRAVIER, Journaliste

Anne CHEREUL, Coordinatrice régionale de l'Observatoire International des Prisons
Jean DANET, Avocat au barreau de Nantes, Maître de conférence
Docteur Thierry DELLA, Psychiatre, Président de la CME de l’Établissement Public de Santé Mentale Centre hospitalier des Pyrénées (Pau)
Hélène JUDES, Vice-présidente à l'application des peines, Tribunal de Grande Instance de Lille
Dominique SIMONNOT, Journaliste spécialiste des affaires judiciaires
Jean-Pierre STAEBLER, Directeur Général du Centre hospitalier de Montfavet
Gilbert THIEL, Magistrat, Tribunal de Grande Instance, Paris

16H15 : Synthèse et clôture de la journée d’étude par le Docteur Christian MÜLLER, Président de l’Association Nationale des Présidents et vice-présidents de CME de CHS