Rencontre avec le docteur Maxime Bubrovszky

Le psychiatre Maxime Bubrovszky a pris au 1er décembre 2020 ses nouvelles fonctions de directeur général (DG) de la Fédération de recherche en psychiatrie et santé mentale (F2RSM Psy) des Hauts-de-France.

Après avoir travaillé au CHU de Lille en tant que praticien hospitalier dans le service de psychiatrie adulte, il intègre l’EPSM de l’agglomération lilloise en 2015 au 59g11 (secteur de Villeneuve d’Ascq) où il devient chef de pôle, fonction qu’il exerce toujours actuellement.

Bonjour Docteur Bubrovzsky, et félicitations pour votre nomination à la direction de la F2RSM. Pouvez-vous tout d’abord nous rappeler ce qu’est la F2RSM Psy Hauts-de-France et quelles sont ses attributions ?

La F2RSM Psy est la Fédération de Recherche en Psychiatrie et Santé Mentale des Hauts-de-France. Elle regroupe 45 établissements, publics et privés, de soins de psychiatrie dans la région.
Ce n’est pas une unité de recherche mais bien un dispositif qui favorise la recherche au sein des établissements adhérents.
Elle a deux grands cadres d’intervention : le support et la promotion de la recherche d’une part, l’innovation et l’amélioration des pratiques d’autre part.
La partie « support et promotion de la recherche » consiste à accompagner les établissements dans la réalisation de leurs projets de recherche. Cela se traduit par la mise en place de conditions propices à l’émergence de thématiques de recherche et de projets structurés, mais également par une aide méthodologique et technique tout au long du projet.
Doctorants, infirmiers, travailleurs sociaux, psychologues, médecins : tout le monde peut devenir porteur de projet, et ainsi solliciter le soutien de la F2RSM, que ce soit pour écrire le projet, traiter les données, aider à la valorisation ou bénéficier d’outils tels que Cartopsy®.
La partie « innovation et amélioration des pratiques » consiste à se questionner sur la façon de développer et d’implémenter de nouveaux outils en s’appuyant sur les données récoltées. Des projets ont ainsi été mis en place à une échelle régionale, tels que l’audit croisé inter-hospitaliers, la sensibilisation à la prise en charge du premier épisode psychotique et le dispositif de formation en intervention pour la crise suicidaire.

Qu’est-ce qui vous a motivé à diriger la F2RSM ?

Ma motivation est née du constat que la production des données de recherche en psychiatrie ne peut pas se poser uniquement dans un contexte de recherche académique. La psychiatrie a besoin de données structurées qui viennent du terrain. En effet, il y a aujourd’hui de nombreux enjeux politiques en psychiatrie, tels que l’isolement-contention, les soins sous contrainte, les dispositifs de secteur ou encore l’organisation des soins.
Or, nous manquons cruellement de données terrain qui permettraient d’améliorer et d’expliquer nos pratiques auprès des décideurs, des autorités de santé. Sans données structurées validées, nos arguments ne sont que purement impressionnistes. 
La difficulté réside dans le fait qu’il y a peu de procédures de recherche en psychiatrie, peu de recherche clinique et opérationnelle conduite sur les questions des pratiques.
J’aimerais contribuer à pallier ce manque pour nous permettre, en tant que professionnels de santé, d’avoir des preuves empiriques qui pèseraient plus lourd que nos impressions quand il s’agit de parler des sujets qui nous concernent avec les autorités compétentes.

Une nouvelle loi vient de sortir sur l’isolement-contention*, comment la F2RSM peut-elle contribuer les professionnels sur cette question ?

Il y a beaucoup à faire sur cette question-là : quantifier, identifier les situations, avoir des leviers sur les facteurs de risque, les facteurs de protection, identifier les sous-populations, avoir des éléments sur les conduites à tenir. Il y a peu de données aujourd’hui.
L’objectif de la F2RSM aujourd’hui est d’aider les personnes intéressées par ces questions car elles vont y être confrontées en clinique. Si elles envisagent un projet de recherche sur la validation d’une conduite à tenir ou sur l’observation d’un paramètre spécifique, la F2RSM peut les aider à mettre en œuvre le projet.

Quelles sont vos priorités en tant que nouveau directeur ?

Mon objectif est de favoriser au maximum l’émergence des projets. Pour y arriver, il convient également de renforcer la partie supports méthodologiques et de proposer des outils simples, notamment numériques, pour obtenir des données facilement ou pour faire des observations, en termes d’amélioration clinique par exemple.
L’activité de réseau est également conséquente car la F2RSM représente les établissements psychiatriques auprès d’autres structures telles que le Comité National de Coordination de la Recherche.

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*Article 84 - LOI n° 2020-1576 du 14 décembre 2020

Art. L. 3222-5-1.-I.- L'isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours et ne peuvent concerner que des patients en hospitalisation complète sans consentement.
La mesure de contention est prise dans le cadre d'une mesure d'isolement pour une durée maximale de six heures. Si l'état de santé du patient le nécessite, elle peut être renouvelée par périodes maximales de six heures dans les mêmes conditions et selon les mêmes modalités, dans la limite d'une durée totale de vingt-quatre heures.

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