Remédiation cognitive, un outil de soins en psychiatrie

Le 04 octobre 2018 s’est déroulée à l’EPSM de l’agglomération lilloise une formation sur la remédiation cognitive dispensée par Laurent Lecardeur, psychologue et docteur en psychologie, exerçant au CHU de Caen. Cet article est l’occasion de faire le point avec le Docteur Philippe Bartoletti, chef de pôle du 59G23, sur cet outil de soins dans la prise en charge des patients souffrant de troubles psychiques.
 

AE : Qu’est-ce que signifie la remédiation cognitive ?
La remédiation cognitive est un nouvel outil de soins en psychiatrie qui appartient au champ de la rééducation. Cette prise en charge non médicamenteuse répond au besoin d’améliorer les altérations cognitives (déficit du traitement de l’information) chez certains patients. Elle est donc utilisée aussi dans d’autres domaines que la psychiatrie, tels que l’autisme, les séquelles de traumatismes cérébraux, certaines formes démence, etc… En psychiatrie, elle est utilisée en complément de traitements médicamenteux et psychothérapiques, pour restaurer ou compenser les fonctions cognitives défaillantes (mémoire, attention, fonctions exécutives, cognition sociale, métacognition). Elle est proposée aux patients qui en font la demande, après un bilan neurocognitif complet et lorsque les troubles psychiatriques sont à peu près stabilisés.

 

AE : Comment se passe concrètement cette prise en charge pour le patient ?
Elle se fait sous forme de séances régulières, individuelles ou en groupe, sur plusieurs semaines. Elle est dispensée par un soignant formé en remédiation cognitive et utilise des outils aujourd’hui validés par la communauté scientifique (certains depuis maintenant plus de dix ans). Il peut s’agir d’exercices utilisant papiers et crayons, mais aussi d’outils informatisés, d’extraits de films, etc… Les compétences, qui seront alors acquises par les patients, sont destinées à être généralisées pour leur permettre d’affronter avec plus de succès des situations quotidiennes (se maintenir dans leur logement, intégrer un logement autonome ou un ESAT, passer un examen, mieux affronter certaines relations sociales ou des situations quotidiennes très précises, etc…).

 

AE : Pourquoi avoir souhaité proposer cette formation aux professionnels de notre établissement ?
Nous souhaitions donner aux soignants de notre établissement, mais aussi au personnel éducatif, des bases théoriques sur les troubles cognitifs dont souffrent la plupart de patients atteints de schizophrénie. La formation présentait également des outils concrets utilisés en pratique quotidienne avec les patients pour permettre d’améliorer leurs fonctions cognitives dans un objectif de réhabilitation psycho-sociale. La formation a duré une journée et a réuni près de 70 participants, en majeure partie des infirmiers de l’ensemble des pôles de psychiatrie, mais aussi des psychologues spécialisés en psychologie clinique ou en neuropsychologie, des psychiatres, des cadres de santé et des éducateurs spécialisés.
 

AE : La remédiation cognitive est-elle déjà en pratique à l’EPSM ?
Cet outil est déjà utilisé dans notre établissement depuis quelques années notamment sur les pôles roubaisiens, dans le cadre de projets de réhabilitation qui intègrent des programmes d’Éducation Thérapeutique du Patient. Un projet est en train de se concrétiser à l’hôpital de jour intersectoriel lillois « Les Quatre Chemins » situé à Wazemmes. Il devrait débuter au premier trimestre 2019 dans des pôles lillois de notre établissement et proposera cette offre de soins à l’ensemble des patients souffrant de schizophrénie ou de troubles bipolaires.

 

/sites/default/files/styles/en_tete/public/2018-11/bandeau_formation_remediation-cognitive.jpg?itok=COKDtWNC