Pierre Augé, chef étoilé - AE #23

Après une première participation à Top Chef 2010, le devenu célèbre chef Pierre Augé a finalement remporté l’émission quatre ans plus tard, puis les deux éditions du Choc des Champions. Grâce à la somme gagnée, il a pu racheter le restaurant familial où il travaillait déjà, La Maison de Petit Pierre, à Béziers. Pour autant, la célébrité est loin de lui être montée à la tête… Pour Alter ego, il évoque son nouveau grand défi directement lié à la santé : la réalisation d’un premier dessin animé 3D pour apprendre aux plus jeunes comment cuisiner sans jeter !
 

Pourriez-vous nous présenter votre parcours ? 
J’ai passé mon diplôme de BEP cuisine au lycée hôtelier de Saint Chely d’Archer, j’ai commencé avec le chef Eric Fréchon en tant que commis pendant trois ans dans son restaurant. Ensuite j’ai enchainé les places de chef de partie avec différents chefs : Philippe Legendre, Frédéric Anton, Alain Solivares, Yves Camdeborde, Pierre Gagnaire... Mais j’ai toujours souhaité travailler dans le restaurant familial en tant que chef et j’ai racheté le restaurant avec mon épouse : je l’ai baptisé La Maison de Petit Pierre.

Qu’est ce qui vous a amené à participer à Top chef ?
En 2010, M6 est venu me chercher car j’avais été élu chef tremplin par le magazine « le chef ». J’ai longuement réfléchi avant d’accepter leur proposition car je souhaitais que ce soit un concours culinaire et pas une télé-réalité. En 2014, M6 est venu me proposer de refaire une saison et j’ai dit oui de suite car ma première
expérience avait été magique !

Comment avez-vous vécu la reconnaissance de votre talent ?
J’ai commencé ma carrière à 17 ans, j’ai travaillé très dur et j’ai commencé avec les plus grands chefs de France qui m’ont appris la rigueur, la technique, le respect du produit, le travail en équipe et à me surpasser tous les jours et donner le meilleur de moi-même… Top chef a été la consécration de tout ça, j’ai rendu hommage
à mon apprentissage de cuisinier et je me suis surpassé moralement, techniquement et même physiquement. Il faut avoir un contrôle de soi-même et une technique
irréprochable. Il faut rester humble et simple. Ce fut une grande aventure humaine et professionnelle.

Quelles sont vos valeurs sur la santé ?
Ma cuisine est fondée sur le respect des produits du panier, je n’utilise que des produits frais. Je lutte également contre le gaspillage alimentaire : pas question de jeter la nourriture alors qu’on peut en faire de délicieux repas ! Fruits et légumes fatigués, laitages dont la date de péremption est à peine dépassée etc, tout peut être réutilisé alors on laisse de côté les préjugés et on cuisine intelligemment.

Comment abordez vous la notoriété ?
Pour moi ce n’est pas de la notoriété, les spectateurs ont découvert ma cuisine à travers l’émission et ils sont curieux de la goûter et plus seulement de la visualiser. Le plus dur à faire est de les satisfaire, de leur faire découvrir ma cuisine bistronomique, le cadre de mon restaurant et qu’ils y adhèrent, afin de les fidéliser. Il faut rester régulier, travailler dur, se remettre en question tous les jours. Et surtout rester les pieds sur terre, car il n’y a que le sérieux et le travail qui valent en tant que patron et chef cuisinier de son propre restaurant.

Que représente pour vous l’art culinaire ?
Avant j’étais plutôt sur une cuisine de goût, avec de bons assaisonnements, un respect des produits. Top chef m’a permis de me surpasser dans le visuel et l’art culinaire, j’ai beaucoup appris et je l’ai associé à mes convictions et mes principes culinaires. Aujourd’hui j’ai amélioré mon univers de la bistronomie avec de la belle vaisselle tendance et un dressage des assiettes esthétique.

De votre point de vue, quel est l’impact de l’alimentation sur la santé ?
L’alimentation saine est très importante, on ne mange aucun plat industriel au sein de mon restaurant et dans ma maison de famille ! En effet, tous ces plats  industriels dénaturent le produit. À table avec mes enfants, nous mangeons de la viande du boucher, des légumes du maraicher, des fruits des cueillettes !
L’amour du bon est une éducation.

Cela vous a incité à faire ce projet de dessin animé pour les enfants ?
Je m’amuse beaucoup avec les enfants, et finalement, c’est ce qui me fait le plus avancer car ça a l’air simple comme ça mais c’est aussi plus compliqué. Il faut sans cesse les intéresser, les motiver avec de nouvelles trouvailles. Le dessin animé en 3D, La cuisine de Petit Pierre, c’est un gros travail : je voudrais qu’il sensibilise les enfants à éviter le gaspillage alimentaire, et leur transmette les bons réflexes dès le plus jeune âge, de manière ludique… Pas simple. On a déjà lancé un teaser,
engagé un scénariste et créé 10 recettes amusantes. J’ai mon avatar dont je double la voix, et on a créé un petit robot qui m’accompagne et qui ne fait que des bêtises… À suivre.

D’après vous, qu’est-ce que l’art culinaire pourrait apporter à des malades hospitalisés en psychiatrie ?
Créer de ses propres mains une belle chose que l’on peut goûter, partager, faire découvrir et se surpasser.

www.lamaisondepetitpierre.fr

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