La dangerosité de la nuit - VRAI et FAUX !

Nadia Beaujean, Hassiba Berkoune, infirmières, Salima Bezai, aide-soignante au CPAA


« Pour travailler de nuit, l’une des qualités principales requises c’est : avoir du SANG FROID ! » Nathalie Mrugala, cadre de nuit 

« J’ai pu constater en formation avec d’autres collègues de nuit que pour eux l’incompréhension des équipes de jour causait une certaine souffrance, et c’est pour cela que j’ai voulu témoigner dans Alter ego, pour faire évoluer les mentalités et aller vers une reconnaissance. On a mis beaucoup de précautions lorsque j’ai  postulé, et les collègues me disaient : « tu vas être dans une structure isolée », « la nuit, tu vas te sentir seule » « ta vie tient à un téléphone » « à Roubaix, on va t’agresser, casser ta voiture, le quartier est dangereux » Toutes ces précautions sont stigmatisantes pour le travail de nuit, mais ces peurs n’étaient pas les miennes. Si il y a des problèmes je gèrerais, il y a des protocoles, je les suivrai, j’aurais mon copain le PTI ! Il faut utiliser son bon sens, et un maître mot : pacification. Je suis de nuit à Fregoli depuis l’ouverture en 2013. Les critères d’admission se font sur des patients stabilisés. Depuis que je suis ici je n’ai eu aucune crise d’agitation. La dangerosité, les peurs, c’est surtout dans les esprits au final. » Karine Bailleul, aide-soignante de nuit à Fregoli

« On n’est pas à l’abri d’un suicide, d’un décès, d’une mort brusque, d’une chute… On est parfois seul, dans un bâtiment isolé, certes il n’y a que huit autistes, mais il y a de l’imprévisible, et dans ce cas, tout repose sur nous. » Annie Hackière, infirmière au PATIO.

« J’ai subi une agression. Ce n’est pas uniquement propre à la nuit mais le risque de « dangerosité » que l’on peut rencontrer aux urgences nous expose à être en première ligne et donc, selon les situations, à nous sentir en insécurité. » explique Hassiba Berkoune de nuit au CPAA depuis 3 ans. Ce soir-là, 13 patients sont hospitalisés, dont un en chambre d’isolement. L’entretien est régulièrement interrompu : admission d’une personne scarifiée, mouvements sur la caméra placée en chambre de soins intensifs, un patient vient demander si ses résultats d’analyse sont disponibles, le téléphone ne cesse de sonner… Au CPAA, c’est 24h/24.

« La nuit est anxiogène. Le CPAA est un service d’urgence ; il n’y a pas d’activités, pas de musique, pas de TV. Les patients ressassent. Tout repose alors sur le soignant. Mais la plupart du temps, nous avons et prenons le temps d’effectuer des entretiens pour les rassurer. » Salima Bezai, aide-soignante, CPAA.

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