Dansons comme des fous : un événement qui fait tilt !

Après une première édition réussie en 2014, l’événement « Dansons comme des fous » est renouvelé pour la quatrième édition le 30 septembre 2017 de 10h à 17h30, sur Lille (le lieu sera précisé prochainement), avec une labellisation par le comité national olympique sportif français et des partenaires toujours plus nombreux. Focus en compagnie de Lucie Bailleul, Marie José Froideval et Nathalie Mostaert.
 
En participant à « Sentez-vous sport » en 2014, votre objectif était de mettre tout le monde au sport ?
LB : Le but du Comité Olympique est de mettre le plus de Français au sport et on s’est dit « Pourquoi pas pour les patients suivis en psychiatrie ? ». Des événements sportifs sont organisés dans toute la France. À partir de cela, nous avons créé un village sportif et de santé mentale. Cette idée est née de rencontres lorsque j’étais interne, avec quelques adeptes, comme l’ASCESM, la Maison des usagers (ici représentée par Nathalie Mostaert), des usagers de la psychiatrie mais aussi du monde du sport.  
MJF : « Dansons comme des fous » : c’est ça qui m’a plu tout de suite, ça a fait tilt ! J’ai fait les trois éditions. J’ai vu l’affiche qui décrivait un événement qui se passe à l’extérieur, devant tout le monde, ça a percuté dans ma tête : « fou » et « dehors » ! ça y est ! enfin ! c’est parti ! c’est plus caché ! c’est dehors ! on est fou : on va pouvoir en parler ! C’est ça qui m’a accrochée.
NM : les patients ne font pas forcément du sport, et de tels événement les incitent à prendre conscience que le sport est important pour contrebalancer certains traitements, la rupture sociale etc. la MDU voulait aider les personnes à s’inscrire dans une activité sportive.
MJF : la première année nous étions face à la gare, il y avait des gens qui circulaient partout avec leurs valises… C’était la mobilité partout, et nous étions au milieu de tout ça. On pouvait enfin dire à tout le monde ce qu’on était, sans se cacher. « Vous nous voyez, n’ayez pas peur, on va parler. »

Mais alors cet événement est fait pour parler, ou pour danser ?
MJF : les deux ! Et même plus : bouger !
C’est un événement sportif, qui promeut la mobilité. Dans son corps et dans sa tête. Il ne faut pas rester dans son fauteuil à consommer des cachets. Il y a eu beaucoup de légèreté à chaque édition, mais aussi des choses très sérieuses qui se sont exprimées. Beaucoup de gens sont venus tout doucement, qui étaient en souffrance psychique, et nous ont confié leurs vies… Certains prenaient discrètement un tract… « pour un proche »…
LB : il y a encore beaucoup de choses à faire pour changer l’opinion publique sur la maladie mentale. Nous voulions sensibiliser un large public sur cette question de la stigmatisation. Le sport est un réel outil de lien social, mais il est aussi vecteur de bienfaits pour la santé physique et mentale. L’idée de « danser » c’était à la fois proposer à tout le monde de bouger. Pas de faire du sport dans un objectif de performance mais pour partager, être ensemble. Nous voulions sensibiliser le grand public sur le fait que chacun a une santé mentale, dont il faut prendre soin, qu’il faut préserver et entretenir.

Danser devant tout le monde n’est-il pas un peu intimidant ?
LB : Le poids de l’autostigmatisation est présent et parfois aussi celui de la maladie. Il faut parfois créer certains moments plus « légers » pour en parler et peut-être même danser...
NM :  Le repli socio-professionnel, le traitement est aussi plus inhibant.
LB : C’est pour cela que l’envie était de faire cet évènement à l’extérieur de l’hôpital, et de montrer que cela est possible à la fois pour le monde de la psychiatrie mais aussi pour les sportifs et le grand public.  Et de sensibiliser aussi sur les bienfaits thérapeutiques directs du sport et de lui faire une place dans des projets de soins biens définis.  
MJF : Au début oui j’étais timide. Quand j’étais au fond du trou, je n’avais certainement pas envie de danser. C’est l’horreur. Mais maintenant non. Danser c’est joyeux. Quand on va très mal, on refuse tout, on n’a envie de rien. Mais il faut avouer que parfois, on met de la musique et ça nous bouge tout seul… Aujourd’hui, nous faisons des soirées dansantes au GEM. On se prend dans nos bras. C’est important d’être près l’un de l’autre, de se toucher. Il faut apprendre ou réapprendre tout ça…

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