Publication Dix ans de Psychiatrie et justice

Pourquoi était-ce si important de continuer à travailler ensemble après un « état des lieux » en 2008 ? Les thématiques successives nous l’enseignent :

- « Surveillance et suivi socio-judiciaire, soins sans consentement : quelles logiques ? quels effets ? », parce qu’en 2009 comme encore aujourd’hui, il était nécessaire de réfléchir à la manière de concilier soins psychiques et sécurité publique. Les professionnels ont su témoigner alors de la complexité de la prise en charge lorsque se conjuguent hospitalisations et incarcérations, injonctions de soins et suivis spécialisés ;

- « Principe de précaution et réformes », parce qu’il faut sans cesse rappeler ce que sont les notions de prudence, de prévention et de précaution, pour que les citoyens en restent les bénéficiaires et non les débiteurs ;

- « Psychiatrie et justice : quel traitement médiatique ? », pour rappeler l’influence des médias sur l’opinion publique et les institutions politiques, et s’engager à mieux communiquer sur les dispositifs et fonctionnements de la psychiatrie et de la justice, au lieu d’entretenir une méfiance réciproque qui conduit aux clichés et à l’intolérance ;

- « Récidive, rechute, réitération : Face aux risques, quelles prises en charge des sortants de prison ? », parce que la France en 2012 avait la proportion la plus importante d’Europe de suicides en détention. Se pencher sur cette réalité du phénomène de répétition qui conduit beaucoup au désespoir, c’était tenter de le résorber ensemble, acteurs de la justice et de la psychiatrie ;

- « Parcours d’ados difficiles : sans la justice pas de soins, sans soins pas de justice ? », parce que la délinquance des adolescents, plus encore que celle des adultes, met en échec notre société dans sa capacité à prévenir, insérer et soigner ;

- « Violences conjugales : comment sortir de l’engrenage ? », parce que force est de constater que les injonctions de soins sont difficiles à coordonner lorsqu’il s’agit de violences entre conjoints, et qu’en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint et un homme tous les quatorze jours ;

- « Respect des droits fondamentaux et privation de liberté », parce que si les textes législatifs et réglementaires donnent un cadre au respect des droits fondamentaux en temps d’hospitalisation, l’application de ce cadre dans le quotidien du soin doit faire l’objet d’attention de la part de l’ensemble des acteurs concernés, en 2015 comme aujourd’hui où les préoccupations d’éthique du soin sont plus que jamais présentes ;

- « Troubles psychiques et jugement pénal : une double peine ? » parce qu’il est encore trop vrai que la souffrance psychique devient un facteur de discrimination supplémentaire de la justice, et que l’altération de la responsabilité conduit plutôt à une aggravation de la peine qu’à une atténuation.

Nous voyons là que ce sont des sujets concrets, et que la justice et la psychiatrie ont ceci en commun d’être également soumis, en tant qu’institutions, au risque de la perte de sens, à la tentation de l’uniformité et du systématisme. La stigmatisation avérée de la « folie », et par extension de toute la psychiatrie, n’a d’égale que la caricature d’une justice que certains voudraient mécanique, alors qu’elle se penche sur des sujets humains et, par essence, complexes.

Le 5 décembre 2017, la dixième journée lancera le débat sur le thème « Le placement d’enfants : qui, quand, comment, pourquoi ? ». Plus de 600 personnes seront réunies, et à l’issue de cette journée les questionnaires de satisfaction recueillis auprès des participants permettront au comité scientifique de relever des thèmes « Psychiatrie et justice » pour encore quelques dizaines d’année… Pour toutes ces raisons, il a semblé important aux membres du comité d’acter cette durée dans le temps et la richesse de ces débats en publiant ici quelques contributions."