La nuit, on s’ennuie, il n’y a rien à faire - FAUX

Jean-Pierre Messiaen, agent de sécurité


« Toutes les nuits sont différentes. Il suffit d’une personne agitée pour que tout le service soit chamboulé. Si on vient de nuit en se disant : « on fait rien », je préfère dire tout de suite que ce n’est pas la peine ! », Annie Hackiere, infirmière au PATIO, est entrée à l’EPSM en 1980 en tant qu’élève infirmière psychiatrique au centre de formation Lommelet, diplômée en juin 1983, elle est au PATIO depuis 10 ans. Cette nuit-là, elle est aux côtés de Thibault Binet, aide-soignant.

« La nuit, on est plus autonome ; on doit savoir tout faire ! Mais l’avantage c’est aussi qu’on le fait dans le sens qu’on veut, c’est moins minuté qu’avec les obligations du jour -les repas, etc. Personnellement j’ai plus appris de nuit que de jour. Les collègues échangent sur leurs parcours, leurs solutions face aux risques, nous aident à nous préparer. Et puis il faut savoir que les patients se couchent tôt dans les services… mais à 1 heure du matin, ça y est, pour certains, ils se remettent en route ! Les gens de jour n’en ont pas conscience, ils ont quitté le patient endormi, ils pensent qu’il dort toute la nuit. » Thibault Binet, aide soignant au PATIO depuis février 2011, il a choisi de travailler de nuit pour être plus près de ses enfants le jour.

« Les gens n’ont pas forcément une bonne opinion de ce qu’on fait. Seuls ceux qui ont fait de la nuit savent. Effectivement nous n’avons pas de nuit la charge de travail de la journée, mais l’équipe est aussi plus restreinte. Nous ne faisons pas d’accompagnement en extérieur si le patient doit aller voir le juge, participer à une activité, nous n’avons pas les repas... Mais nous sommes seuls quand il y a une agitation, un patient qui fait un DT [NDLR : delirium tremens], ou qui désature. Nous devons nous débrouiller avec ce que nous avons et le nombre de personnes en poste. » Delphine Segala, aide-soignante dans le pôle d’addictologie, elle tourne également dans tous les services, et se considère comme une vraie marmotte car elle dort parfois jusque 16h pour récupérer, ce qui n’est pas le cas de tout le monde !

« J’invite tout le monde à faire une nuit pour voir. Les événements sont plutôt rares mais quand il y en a, il y en a ! Les agressions, les alarmes incendie, les patients qui fument dans leur chambre, les agitations, les petits problèmes électriques, les rôdeurs... Quand j’ai un binôme, je fais aussi les formations incendie de nuit. Bref, on ne chôme pas. » Jean-Pierre Messiaen, agent de sécurité, il travaille la nuit depuis deux ans et n’a plus d’insomnie depuis, le rythme de nuit étant plus régulier,
les heures de sommeil plus nombreuses ; reste que le prix à payer est la fatigue chronique.
 

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