Hépatite C, Mise au point


Par Dr Véronique Vosgien, chef du pôle d’addictologie

L’élargissement de l’indication des nouveaux traitements pour l’hépatite C jusqu’à aujourd’hui réservés aux cas de fibroses les plus sévères a été accueillie avec soulagement par les professionnels de la santé et notamment de l’addictologie.

Dépistage
Les principaux oubliés du dépistage restent aujourd’hui les patients alcoolo-dépendants mais aussi les patients suivis en psychiatrie où la prévalence est 6 à 7 fois plus élevées que dans la population générale. Le bilan biologique routinier devrait comprendre de façon systématique pour tous ces patients un bilan hépatique et les sérologies HIV, HVB et HVC. L’arrivée des TRODs (1ère révolution) dont les résultats sont validés pour le HIV et l’hépatite C et prochainement l’hépatite B, permet un dépistage plus facile. Certains infirmiers du pôle d’addictologie de l’EPSM-AL ont ainsi été formés.

Accès aux soins
Une fois le dépistage fait, trop peu de patients infectés accéderont aux soins. C’est par la collaboration fine et étroite entre infirmiers, addictologues, psychiatres, médecins généralistes et gastroentérologues que viendra l’amélioration de la prise en soins.
Aujourd’hui plus besoin de Ponction Biopsie Hepatique, le fibroscan ou élastométrie (2ème révolution : examen simple indolore  et  rapide) permet un diagnostic précis du stade de fibrose du foie du patient. (Classé de F0 à F4).
Enfin l’accès aux nouveaux traitements (3ème révolution) devrait permettre d’éliminer le réservoir de virus. Finis les traitements lourds de conséquences physiques et psychiatriques avec des résultats peu satisfaisants, les nouveaux traitements sont aujourd’hui simples (2 cps per os), courts (12 à 24 semaines) efficaces dans 98 % des cas et avec peu d’effet secondaire.
En ce qui nous concerne, une hépatologue de Saint Philibert, le Dr Duburque, consulte à Boris Vian, CSAPA du pôle, à Lille.
Nous avons à disposition un fibroscan et nous prescrivons cet examen indolore à l’ensemble de nos patients.
Des conventions avec les Caarud permettent de proposer cet examen à des usagers ne venant pas au CSAPA, tout comme nous y proposons des dépistages sérologiques en allant sur place au plus près des usagers.
Au CSAPA le Cèdre Bleu, avec qui le pôle d’addictologie a une convention de partenariat, le Dr Canva hépatologue du CHRU consulte une fois par mois. Les dépistages sont proposés systématiquement. Le fibroscan y est mis à disposition régulièrement.
S’il faut rester vigilant sur les comorbidités addictologiques et psychiatriques, celles-ci ne sont plus des contre-indications.
Il reste beaucoup à faire en psychiatrie : généraliser le dépistage, proposer une utilisation du fibroscan, travailler les collaborations avec les hépatologues pour l’accompagnement aux soins et la mise en route des traitements.

Suivi après guérison
La guérison de l’hépatite C ne doit pas signifier l’arrêt du suivi ni de la surveillance clinique et paraclinique. Ce suivi sera ajusté en fonction du stade de fibrose. Travailler parallèlement sur les facteurs aggravant la fibrose que sont la consommation de tabac, de cannabis et d’alcool ainsi que l’obésité et diabète sera nécessaire afin de rendre le pronostic le plus favorable possible.
 

 

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