Édito - Dossier De jour comme de nuit - AE #27

Professionnels méconnus, les personnes qui travaillent de nuit constituent pourtant des équipes à part entière, souvent très solidaires et douées d’une forte polyvalence. À les rencontrer, les clichés s’évanouissent les uns après les autres, en commençant par le plus répandu : « La nuit, ça dort ». Et pourtant, les patients hospitalisés sont bien là, les soins doivent continuer, le lien à l’administration perdurer, de jour comme de nuit. Des traitements somatiques aux formulaires obligatoires pour une admission en SDRE, des transmissions cliniques à l’entretien individuel d’évaluation d’un agent, de la mise en sécurité d’un service à la connexion informatique, la plupart des fonctions se poursuivent la nuit, auxquelles s’ajoutent les urgences et les crises. Et cela implique une présence active, souvent inventive, en tout cas qui n’est pas juste une « veille »…

Autre idée reçue : « travailler de nuit, c’est une punition », avec en ricochet l’idée que les agents de nuit seraient « moins compétents ». La réorganisation du travail de nuit dans notre établissement depuis janvier 2017 confirme que c’est bien tout le contraire. Autrefois, les nuits étaient composées d’un cinquième de professionnels « de jour » qui étaient « obligés » de faire des nuits. Aujourd’hui, des effectifs fixes sont dédiés à la nuit.
Cela a permis de réaffirmer la spécificité du travail de nuit, et de valoriser des compétences nécessaires, comme savoir gérer seul les urgences et les situations exceptionnelles, faire preuve de polyvalence, de sang-froid, maîtriser également tous les protocoles pour agir, être mobile quand il faut renforcer une autre équipe…
La responsabilité des services de soins de nuit repose dans notre établissement sur cinq cadres de nuit : Nathalie Mrugala, référente pour les 59g22, 23, 24 et la grille 1 du PATIO, est de nuit depuis 7 ans, un choix revendiqué pour plus d’autonomie dans les décisions et de liberté d’actions : « en passant de nuit, j’ai retrouvé la solidarité d’une équipe, les relations de confiance qui se tissent autour du patient, une certaine transparence. » ; Xavier Delicourt, référent pour les 59g11, t01 et la grille 2 du PATIO, ce dernier est de nuit depuis 17 ans ; Bertrand Schmitt, référent du CPAA, de la Clinique Jean Varlet et de la Clinique pour adolescents a rejoint l’EPSMal en novembre 2017 par voie de mutation : « ce choix de travailler la nuit me permet de recentrer mon activité sur la gestion d’une équipe » ; Delphine Duchoquet, référente pour le 59g12, 59g15 et CAPI, depuis janvier, elle suit des cours à l’université de Lille 2 en alternance avec son travail de nuit, dans le but de valider un DU en management avec une thématique sur l’accompagnement de jeunes diplômés lors d’une première prise de poste la nuit : « c’est un choix de travailler de nuit depuis 3 ans ; comme dans un service d’urgence, c’est tous les jours différents… » ; Stéphanie Dablemont, référente des 59g13, g14, de Fregoli et de la Clinique du nouveau monde : « le travail de nuit a été un choix, j’ai pris mes fonctions il y a 2 ans. Mes motivations majeures sont le travail en autonomie et pouvoir concilier vie professionnelle et vie personnelle. Ainsi, le bien-être au travail permet de donner le meilleur de soi-même. »

Pour concevoir ce dossier qui concerne en particulier 108 professionnels de soins dans notre établissement, 25 personnes se sont portées volontaires pour témoigner. Nous les mettons en lumière dans les articles qui suivent, sans oublier également les professionnels non soignants, qui contribuent au fonctionnement de l’établissement, de jour comme de nuit.

Par Stéphanie Dablemont, Xavier Delicourt, Delphine Duchoquet, Nathalie Mrugala, Bertrand Schmitt, cadres de nuit