Édito - Dossier Addictions - AE #26

Par les Docteurs Sylvie Platteau et Frédéric Wizla 

« Travailler le travail de collaboration des équipes de psychiatrie et d’addictologie est nécessaire »

Sur quels critères de soins la collaboration entre les services psychiatriques et le pôle d’addictologie vous semble-t-elle nécessaire ?
Dr Wizla : Les intrications sont fortes entre les troubles psychiatriques et les problèmes d’addiction, même s’il ne faut pas en conclure que les deux se retrouvent forcément chez l’ensemble des usagers ; mais pour environ un tiers d’entre eux, cela peut être le cas. La toxicomanie, l’addictologie peuvent être déclencheurs de troubles psychiatriques, dépression ou psychoses ; l’inverse est vrai aussi : les patients qui souffrent de dépression ou de schizophrénie démarrent parfois un produit pour lutter contre le stress, l’associabilité, l’apathie... Une personne est un tout : ce n’est pas un schizophrène ou un toxico, c’est une personne qui a des symptômes de schizophrénie, qui souffre de dépression, et qui peut se réfugier dans la drogue, l’alcool à un moment donné ; pour les psychiatres, c’est sans doute « chacun son registre » car la psy et l’addictologie ont chacune leur expertise, mais la collaboration est fondamentale. Il faut travailler ensemble, créer une harmonie dans la prise en charge.
Dr Platteau : J’ai pour ma part été sensibilisée dès le début de ma formation à Tourcoing aux conduites addictives, notamment en alcoologie. J’effectue depuis quelques années un travail d’intérêt général au sein de l’association Visa (Vivre l’Insertion Sans Alcool). Je suis médecin référent de la structure des Petites haies à Wavrin. Je suis donc partie prenante du travail quotidien à mettre en place entre les différents partenaires de la psychiatrie, de l’addictologie, en renforçant encore la connaissance des associations, des médecins traitants et de tous les acteurs de terrain.

Où en est-on dans la collaboration entre les secteurs psychiatriques et l’addictologie ?
Dr Wizla :
les équipes travaillent avec l’EHLSA à Lille comme à Roubaix, et nous avons une grande attente par rapport à ce qui se met en place avec les CLSM de Lille et de l’agglomération roubaisienne. La journée va nous permettre de nous rendre compte de nos compétences et de nos ignorances respectives, de mieux nous représenter les outils respectifs des uns et des autres, voir comment le maillage de chaque acteur est différent, pour être plus opérants en faveur des usagers.
Dr Platteau : sur Roubaix, nous travaillons également avec le pôle d’addictologie du Dr Urso à la Fraternité mais il faut renforcer la connaissance de nos équipes respectives, être plus actifs dans nos collaborations. Le groupe inter-CLSM va nous permettre concrètement de mieux connaître le réseau addicto, mais aussi, je crois, de mieux faire connaître la sectorisation aux équipes d’addictologie.

Quels conseils donneriez-vous aux professionnels ?
Dr Platteau : avec l’impulsion du Dr Vosgien, les psychiatres qui ressortissent du même établissement - l’EPSM de l’agglomération lilloise - que le pôle d’addictologie qu’elle coordonne, sont invités à se rapprocher du pôle d’addictologie ; ce rapprochement est positif, il faut vraiment l’encourager, tout faire pour en bénéficier, c’est dans l’intérêt du patient.
Dr Wizla : Les échanges inter-professionnels sont nécessaires, il faut continuer à renforcer les liens, inviter chaque équipe à connaître les pratiques des uns et des autres. Moins craindre ce qu’on ne connait pas pour avoir des éléments de réponse du travail commun possible.
Dr Platteau : Et mieux communiquer !

 

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