Édito - AE #15

Par le Docteur Alain Couvez

Les activités sportives, introduites dans les hôpitaux psychiatriques à la Libération, ont trop longtemps été considérées comme de simples activités de loisir, d’animation, d’hygiène physique alors que leur valeur thérapeutique est réelle et favorise la relation avec les patients. Aujourd’hui avec la sectorisation, la première caractéristique des activités sportives est qu’elles sont pratiquées dans la ville, dans les structures utilisées par les citoyens, et non plus dans le secret de l’enceinte de l’asile. Voilà qui peut aider à modifier le regard porté sur le malade mental. Voilà qui peut conforter le sentiment de « normalisation » de l’usager inclus dans le fonctionnement associatif de la cité.

L’autre caractéristique est d’assurer cette continuité des soins grâce à des infirmiers spécialisés dans les activités sportives qui pourront suivre la même personne soignée durant le temps de l’hospitalisation et durant le temps du soin en dehors de l’hôpital. Pour ne citer que trois observations cliniques sur des sujets psychotiques, les activités sportives favorisent le travail autour de l’identité au travers d’une identité commune (tous en short, soignants et soignés…), au travers d’un partage d’une réalité commune (le foot, le match et ses règles du jeu), et avec la mise en place d’une identité personnelle (arrière, milieu, avant, gardien…).

Au commencement était l’acte.

Lorsque les activités sportives sont incluses dans le processus global des soins, dans une prise en charge sectorielle et intersectorielle, les enjeux relationnels du sport sont réels. De fait, faire disparaître ces activités sportives du champ de la psychiatrie risquerait de rompre avec cette psychiatrie qui, depuis la Libération, tend à libérer les corps des aliénés et prône les soins en milieu ouvert. Cela signalerait le retour à une psychiatrie d’entrave, de soins par l’isolement, bref à une psychiatrie sécuritaire. C’est pourquoi nous vous invitons à découvrir quelques-uns de ces enjeux dans le dossier de ce magazine.

Docteur Alain Couvez
Florence Herbet, cadre supérieure de santé 59g13 et référente des projets sport des pôles roubaisiens

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