Alexandra et Sophie : "on a quand même de belles histoires !" - AE #29

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Alexandra Vandomme a commencé en tant que CES en 1999 tandis que Sophie Gathem a multiplié les postes depuis octobre 2015. Elle est actuellement en préparation du concours d’aide-soignante. Toutes deux ont occupé des postes dans une multitude de services et connaissent ainsi bien l’établissement et sont actuellement principalement affectées au g23, dans les bâtiments d’hospitalisation récemment ouverts et donc tout neufs sur le site de Lommelet.

AE : Quelle est la place de l’ASHQ dans une équipe de psychiatrie ?

Alexandra : Nous nous sentons vraiment intégrées à toute l’équipe. Si nos missions sont centrées sur le nettoyage des sols, murs, WC et salle de bain, ici on réalise des tâches en collaboration avec les soignants, parce qu’on est une bonne équipe ; il me semble important de ne pas être trop cloisonné non plus : je sais qu’on marque les patients dans leur vie, un séjour à l’hôpital, ce n’est pas rien, et juste parce qu’on a su leur dire bonjour ou entrer en discussion pendant un repas, on les marque, on est accessible.
De même, ça peut nous arriver de relever un comportement inhabituel, parce que nous ressentons que le patient qui allait mieux rechute. Nous sommes attentives,
concernées, et nous nous sentons aussi considérées par les infirmiers, nous ne faisons pas de « clan ». Les patients se confient à nous parfois même un peu plus, parce que nous ne faisons pas de piqûres, de traitements…

Sophie : Nous rentrons dans l’espace personnel du patient, nous sommes complètement dedans. Les infirmiers ne vont pas toujours dans les chambres, nous si. On constate. On le voit quand le patient est bien ou pas bien.

Alexandra : On doit toujours garder la bonne distance. Nous sommes quand même très exposées, certains patients nous menacent parfois ou nous proposent de l’argent pour fuguer, ils sont dans leur délire… et il faut rester vigilantes. Nous avons été formées à Omega. Après une agression, une collègue a toujours peur. C’est plus difficile le week-end, quand on est seul en poste par exemple.
Sophie : Moi je vois mon rôle comme donner un peu de gaieté dans la chambre du patient. C’est déjà pas facile à vivre d’être ici pour eux, j’essaie avec mon travail de faire en sorte qu’il se sente bien, au propre, dans un espace agréable.

Alexandra : Ça nous fait plaisir quand on détecte un petit sourire, quand ils reviennent dans leur chambre propre. On leur dit un petit mot. On est là pour eux. On le voit à la chambre quand ils arrivent et qu’ils ne sont pas bien. C’est souvent une catastrophe ! (rires) On nettoie, le lendemain c’est le capharnaüm ! (rires) On recommence. Et petit à petit on voit du progrès, au fur et à mesure que sa santé s’améliore.

Sophie : En maison de retraite c’est pareil, on peut être insulté par des patients Alzheimer, c’est la maladie. Il faut le prendre comme ça.

AE : Le métier a-t-il évolué selon vous ?

Alexandra : Le métier a évolué, les équipements aussi, et dans le bon sens. On a du bon matériel. Avant c’était seau, serpillière, comme à la maison. Maintenant nous avons l’auto-laveuse, ça nous esquinte moins. Le matériel est plus solide, on a le chariot, et ici au g23, on a un local ASH. On y stocke les produits. Le bâtiment est tout neuf, les sols sont plus faciles à nettoyer ne serait-ce qu’à Bonnafé, c’est éclairé, lumineux. Les patients peuvent aller dehors pour fumer, ça rend les locaux moins sales, avant c’était dans la salle TV, c’était insupportable.

AE : Les produits ont-ils changé ?

Sophie : Parmi tous nos produits, nous avons deux produits « bio-nettoyage », un pour laver le sol et un pour désinfecter les chambres.

AE : Y aurait-il des choses à changer ?

Sophie et Alexandra : Non, ici tout va bien !! Après, nous avons bien conscience que chaque service est différent. Mais ici, nous sommes considérées dans l’équipe, nous ne faisons pas de différence.

Sophie : Moi j’ai juste une petite anecdote. L’autre jour, dans la rue j’ai recroisé une patiente, et elle m’a reconnue ! Elle m’a dit bonjour et m’a fait un bisou ! Et bien j’étais
contente, on compte dans leur vie, on a bien fait notre travail. J’étais contente d’avoir de ses nouvelles, de savoir qu’elle va mieux.

Alexandra : On a quand même de belles histoires comme ça, même avec des patients très difficiles.
Ils vont remarquer si on change nos cheveux, notre maquillage ! C’est parfois hallucinant. C’est nous aussi qui amenons le mouvement dans leur vie d’hôpital,
on fait partie de leur quotidien. C’est un contact particulier.

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