3e journée « Psychiatrie et justice » - AE #1

Près de 400 professionnels des institutions judiciaires et psychiatriques étaient réunis pour la 3ème journée d’étude consacrée cette année à la thématique : «  Principe de précaution et réformes  ».

Psychiatres, magistrats et conseillers d’insertion et de probation ont pu témoigner que le  principe de précaution appliqué aux détenus souffrants de troubles mentaux pour atteindre un risque zéro de récidive influençait négativement les soins et les démarches de réinsertion. Ils ont finement échangé leurs points de vue : le Dr Daniel Zagury (EPS Ville-Evrard, Seine-Saint-Denis), expert judiciaire, a introduit le débat : «  Nous sommes passés de la clinique psychiatrique à la clinique criminologique  ». «  Nous sommes dans une pratique de soins et le juge est dans une demande expertale  », a souligné le Pr Pierre Thomas, chef du Service Médico Psychiatrique Régional de Lille (CHRU de Lille). «  La plupart des détenus n’ont jamais rencontré de psychiatres avant d’entrer en prison et, en pratique, nous essayons avant tout d’établir une alliance thérapeutique, de nouer un rapport de confiance  ».
Côté justice, Hélène Judes, vice-présidente à l’application des peines au Tribunal de Grande Instance de Lille, a manifesté son souhait de multiplier les possibilités d’échanges avec les soignants : «  Je ne sais pas quels sont les soins dont [le patient] bénéficie et s’il voit une assistante sociale, un psychologue ou un psychiatre au SMPR, et j’aimerais avoir plus de détails sur le suivi pour statuer de la dangerosité d’une personne.  »

Pour sortir de ces difficultés, plusieurs intervenants ont appelé à parvenir à une approche pluridisciplinaire, dans laquelle chacun tiendrait son rôle mais personne ne porterait seul la responsabilité d’une décision. Alain Debetz, qui vient de quitter la direction du CH des Pyrénées à Pau, a indiqué qu’il avait «  passé convention » avec le juge d’application des peines et le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation, et qu’une fiche de liaison «  enrichie  » par rapport aux obligations réglementaires était désormais établie. Il a plaidé pour une «  démarche de réseau », estimant qu’il n’y avait «  aucun risque  » à partager entre professionnels.